Esquisse du projet de société de GDA
PRÉAMBULE
La vie sociopolitique orchestrée par les gouvernements successifs, qui ont exercé le pouvoir en Guinée depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, a eu pour conséquence l’attachement des Guinéens à leur groupe ethnique et à leur socle communautaire. Il en résulte, aujourd’hui, que tous les Guinéens ne partagent pas la même « conscience nationale » constitutive de la formation de la Nation à l’aube de l’indépendance en 1958. Cette situation est génératrice d’une identité nationale fragmentée où la conscience de soi – discrimination intercommunautaire voire régionaliste – jalonne les frontières entre les citoyens guinéens. Cela nous invite à prendre nos responsabilités en mettant sur pied une structure visant une mobilisation collective des forces vives du pays dans le but de dépasser l’anachronisme que représente le repli sur soi. Car si l’on veut construire une Nation, il s’avère indispensable de mobiliser tous les citoyens autour d’objectifs communs largement partagés. En effet, il est important aujourd’hui de prendre de nouvelles initiatives si nous voulons construire le pays sur la base d’idéaux communs partagés de tous :
- l’unité nationale autour d’idéaux collectifs ;
- le respect des droits de l’homme, du droit international et de l’égalité des citoyens;
- la promotion de la démocratie en Guinée et bien au-delà ;
- et enfin la sécurité du pays et des citoyens.
C’est sur la base de cette conviction que nous Guinéens, réunis en groupe de réflexion sur l’avenir de la Guinée, avons décidé de créer un mouvement politique : Guinée Désir d’Avenir, que nous soumettons à votre assentiment en esquissant les grandes lignes de notre projet de société qui se décline en neuf points constituant l’ossature du plan d’action élaboré en réunion préparatoire au lancement de ce mouvement. En effet, le développement d’un pays commence par l’élaboration d’un projet de société durable, impliquant l’ensemble des secteurs de la vie sociale. C’est donc autour des axes suivants que nous invitons l’ensemble des Guinéennes et des Guinéens à soutenir ce projet d’avenir pour la Guinée.
AXE 1. Rompre avec la dimension communautaire, ethnique et régionale dans l’appartenance politique
Il n’est un secret pour personne que la lutte pour la constitution d’une communion nationale autour d’un projet de société se manifeste sur deux plans essentiellement :
- L’un des objectifs entretient un rapport avec la compréhension de ce qu’est l’identité nationale à la lumière de la formation historique de la Guinée ;
- l’autre concerne les implications que représente l’unité nationale pour les citoyens guinéens dans le cadre de la formation d’un État moderne :
l’État-nation ou l’État de droit pluraliste.Il nous paraît essentiel aujourd’hui de considérer que le sentiment de la différence est dû à l’évolution historique et politique de la Guinée, mais aussi aux idéologies prônées par les acteurs politiques. Face à cette situation, nous proposons de rompre avec le clivage entre les Guinéens, dans un élan citoyen de remise en cause de la collusion entre droit politique et fondements ethniques, culturels et religieux.Ainsi, notre projet de société prône-t-il la dimension universaliste de la citoyenneté et non des droits communautaristes et individuels. C’est sur cette base que l’on reconnaît l’égalité des citoyens en droits et en devoirs face à la loi. Cette vision nouvelle de la Nation guinéenne, que nous proposons, dépasse largement le cadre ethnique ou tribal, car elle trouve sa source et son fondement dans un ensemble de valeurs sur la base desquelles se noue le sentiment d’une appartenance commune.C’est pour cette raison que notre démarche s’inscrit dans une politique qui vise le rassemblement de tous les Guinéens où qu’ils soient, sans distinction de sexe,d’ethnie, de religion ou d’origine sociale autour d’un idéal commun : forger une Nation solide et prospère. Cette orientation politique de notre projet de société propose de créer un nouvel ordre social, un élan d’unité nationale, et un environnement convivial, favorable au respect de la diversité du peuple guinéen.
AXE 2. Promouvoir une démocratie fondée sur la répartition des pouvoirs exécutifs et judiciaire avec un respect absolu des institutions dans leur mode de fonctionnement
Notre projet s’appuie sur le fait que les principes d’indépendance de la justice,de l’égalité de tous les citoyens guinéens en droits et en devoirs devant la loi et la justice, etc. doivent constituer le maître-mot de l’optimisation de la justice distributive. Ce qui revient, d’une certaine manière, à poser comme principe de fonctionnement, son indépendance totale par rapport à tous ceux qui gouvernent le pays. Dans ces conditions, la justice est aussi conçue comme un outil qui aide rompre avec l’impunité et la violence dont souffre quotidiennement la population guinéenne. Dans ces conditions, gouvernants et gouvernés sont égaux devant la loi et doivent répondre de leurs actes en cas de manquement aux règles et aux valeurs qui garantissent la vie commune.
La séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ; la protection des libertés de la presse sont des principes fondamentaux des démocraties représentatives. Les grandes lignes de la séparation des pouvoirs sont définies de telle manière que la répartition des fonctions et des missions assignées à chaque organe ou institution de l’État soit une réalité. Ainsi, l’exercice exclusif des pouvoirs confiés différents corps ou élus, en spécifiant les règles de leur indépendance et les moyens de protection dont ils disposent contre toute forme de pression, constitue-t-elle l’ossature principale de notre projet se société pour la Guinée.
AXE 3. Créer un organisme indépendant de contrôle chargé de moraliser la gestion financière de la base au sommet de l’État
La corruption, le détournement des deniers publics sont des délits, une atteinte à la démocratie et un obstacle majeur au développement social et économique de la Guinée. Pour toutes ces raisons, la lutte contre la corruption est l’une des priorités des actions entreprises par notre mouvement dans le cadre de la mise en œuvre d’une nouvelle politique visant à faire de la Guinée un État de droit. La mise en service d’une institution de moralisation de la vie publique crée d’abord les conditions favorables à une meilleure gestion des procédures budgétaires ainsi que des modalités de préparation du budget de l’État par le gouvernement et ensuite de son examen par le parlement. Enfin, elle implique une meilleure gestion des dépenses dans la rigueur et l’intérêt de tous.
AXE 4. Qualifier le fonctionnement de l’administration générale en vue de rompre avec la routine et l’anachronisme
Nous affirmons ici avec certitude et conviction d’ailleurs qu’un pays qui se gère dans la routine ne peut guère aspirer au développement. Pour se développer un minimum de rationalité est indispensable. C’est pour cette raison que la formation des cadres de l’administration, capables de concevoir et de conduire des projets de société adaptés aux besoins du pays et des citoyens s’avère indispensable si la Guinée veut s’assurer un développement endogène. Pour répondre à cet impératif, notre mouvement propose un vaste plan de formation des cadres administratifs en vue d’assurer leur qualification professionnelle. C’est dans cette optique seulement que l’administration publique pourra exercer pleinement et convenablement sa fonction de facilitation et d’arbitrage du jeu économique en accompagnant la liberté d’entreprise et en assurant à celle-ci un appui plutôt que de l’étouffer avec sa pesanteur.
AXE 5. Concevoir un projet éducatif ambitieux visant à apporter aux jeunes guinéens une formation scientifique et civique solide
Si notre projet de société pour développer la Guinée vise l’amélioration des conditions de vie des Guinéens, l’avenir de la jeunesse guinéenne constitue notre principale préoccupation. C’est pour cette raison que le projet éducatif que notre mouvement politique propose a pour fondement le fait que l’éducation et la formation sont de puissants instruments d`édification d’un pays. Il s’agit de leviers importants dans la lutte contre la pauvreté à soutenir. Car la maitrise du savoir et du savoir-faire par la jeunesse est un facteur essentiel dans le changement des mentalités,des comportements et qui favorise donc le recul de mauvaises habitudes.
La Guinée dispose d’immenses ressources naturelles, mais pour transformer ces matières premières en bien-être, le pays a besoin de bâtisseurs, de penseurs, de patriotes tout court. Or il s’agit là de ressources humaines, intellectuelles qui font cruellement défaut. C’est pour cette raison que l’ossature du projet éducatif repose sur l’idée suivante que défend notre mouvement politique : la première ressource de développement d’un pays est avant tout humaine. En effet, il n’est guère besoin d’insister sur le fait que l’effet, des ressources humaines ou compétences professionnelles, sur le développement d’un pays se manifeste par le renforcement des capacités de création et d’innovation dans les écoles, les entreprises, dans l’administration, etc. L’école guinéenne doit répondre à ses finalités : être un centre de rayonnement de la pensée, de la formation des cadres du pays sur le plan scientifique, moral et civique. Ainsi, le développement des ressources humaines au moyen d’un enseignement de qualité et d’une éducation morale sur plusieurs plans en vue de former des ingénieurs, des promoteurs, des techniciens, des administrateurs, doit-il imprimer des transformations sociales et assurer le bien-être de tous les Guinéens. En somme, il s’agit de former une élite qui réfléchit pour bâtir un projet d’avenir (planification) pour la Guinée et au profit des Guinéens.
AXE 6. Mettre en œuvre un projet de développement endogène de la Guinée sur la base de la promotion de l’industrie touristique et des cultures guinéennes
Dans le but de répondre efficacement à notre volonté de faire de la Guinée, une terre d’accueil, ouverte à tous et en particulier à ceux qui souhaitent y investir leurs capitaux dans le respect des lois du pays et des normes internationales en vigueur,nous proposons dans cet axe du projet de société, notre vision d’un développement endogène basé sur l’industrie touristique, qui englobe plusieurs secteurs de l’économie nationale. La priorité de notre mouvement sera, avant tout, de construire une offre touristique qui puisse répondre aux aspirations de la demande du marché touristique international et qui s’inscrive dans le registre du tourisme durable. Pour répondre à ces impératifs, notre politique sera de mettre en place une véritable stratégie de développement intégré du tourisme qui se déclinera sous différents aspects.
En effet, la Guinée compte quatre régions différenciées ; cette diversité géographique et humaine constitue un atout particulier à valoriser. La stratégie à mettre en œuvre consistera donc à vendre l’attrait de la Guinée aux touristes dans sa diversité géographique et culturelle. Ainsi, chaque région naturelle de notre pays sera-t-elle spécialisée dans une offre touristique qui lui est particulière.
Axe 7. Promouvoir une exploitation et une gestion efficientes des revenus miniers
Dans une perspective de développement durable, toute politique en matière d’exploitation minière doit répondre à deux impératifs : assurer une meilleure répartition des revenus de l’exploitation tout en respectant rigoureusement les normes environnementales. L’industrie minière à l’instar d’autres secteurs économiques n’échappe pas à cette double exigence. En effet, depuis la multiplication des projets miniers de dimension internationale pour répondre à la demande mondiale croissante en minerais, on constate une destruction progressive de l’environnement. Pour endiguer ce fléau, la mise sur pied d’une nouvelle politique s’impose si la Guinée veut préserver son écosystème.
La déficience des acquis du secteur minier guinéen résulte de la faiblesse des dispositions réglementaires en la matière et surtout de leur non-application. Parmi les causes de cette non-application des textes, figurent en bonne place la corruption et la mauvaise gestion comme principal fléau à éradiquer. La combinaison de tous ces facteurs renforce la conviction que les ressources minières du pays ne profitent qu’aux entreprises étrangères et à quelques cadres de l’Administration guinéenne corrompue.
Pour répondre à ces impératifs la politique de qualification en matière d’exploitation que notre Mouvement propose consiste à promouvoir l’exploitation des ressources minières, tout en adoptant une stratégie de gestion rigoureuse des revenus pour le développement de notre pays. L’enjeu principal consiste à assurer une bonne gestion en luttant contre ce fort soupçon de corruption qui pèse dans l’attribution de permis à la plupart des sociétés d’exploitation minières.
Axe 8. Promouvoir le développement de l’agriculture, l’élevage et la pêche
La Guinée dispose d’immenses potentialités naturelles pour développer l’agriculture, l’élevage et la pêche. Mais son potentiel dans ces secteurs demande a être valorisé et développé. En effet, pour répondre aux objectifs de promotion d’un développement endogène de la Guinée, nous pensons que les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche en tant que leviers sûrs de développement de notre pays, peuvent apporter une contribution importante pour faire face aux enjeux qui sont les nôtres et aux défis que nous proposons de relever. Ainsi, dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, et de la pêche, notre mouvement nourrit l’ambition de répondre à plusieurs objectifs :
- La modernisation des pratiques dans le but de passer des méthodes traditionnelles d’exploitation des terrains agricoles, des fermes familiales d’animaux domestiques, de la pêche fluviale et maritime à des modèles rationnels plus rentables ;
- L’autosuffisance alimentaire en termes de production céréalière, notamment de riz et de la viande ;
- La promotion des cultures industrielles en fonction des spécificités des quatre régions naturelles de la Guinée, etc.
- Un volet éducation, formation et transfert de savoir-faire ;
- Un volet accompagnement financier et fourniture de matériel à la paysannerie.
- La signature de contrats avec de grandes entreprises agricoles étrangères pour développer en Guinée la culture du riz et de vendre les produits sur place ;
- La promotion de transfert de compétences et du savoir-faire des pays asiatiques comme le Vietnam, la Thaïlande, par exemple, en matière d’expériences dans la culture du riz en Guinée.
- La mise en place de cette politique doit favoriser le transfert de compétences dans le but d’assurer une autonomisation progressive de la Guinée dans la production du riz. Ainsi, le volet formation de cadres et d’agents techniques occupera une place importante dans la mise sur pied de ces projets agricoles,qui s’inscrivent dans le cadre d’une coopération entre des pays asiatiques, spécialisés dans la production du riz et la Guinée. En mettant l’accent sur le transfert de savoir faire pour assurer l’autonomie progressive de la Guinée en matière rizicole, le cadre de coopération doit exclure toute vente de terres agricoles à des firmes étrangères.
Tout ce programme, qui englobe plusieurs secteurs d’activités dans la diversité de leurs pratiques doit à la fois poser les jalons d’un développement endogène mais aussi et surtout assurer la protection de l’environnement, fortement dégradé par les exploitations traditionnelles des ressources naturelles.
AXE 9. Mettre en place un vaste plan visant l’amélioration des conditions de vie des Guinéens (santé, environnement, eau, électricité, sécurité)
Promouvoir la construction d’infrastructures sur le plan national est une des priorités dans le projet de société élaboré par notre mouvement politique. En effet,l’eau, l’électricité, la santé, l’école, les transports, la voirie urbaine, etc. sont les infrastructures de première nécessité dans la vie de la population d’un pays. Le projet vise essentiellement à améliorer les conditions de vie des Guinéens avec un soutien de l’État dans la mise en œuvre des contrats de ville. Ce plan marshal de construction d’infrastructures, qui déléguera toutes les responsabilités aux communes urbaines et villageoises, se décline en trois axes :
- La mise en œuvre de la réforme de l’administration territoriale ;
- Le renforcement des capacités de maîtrise d’ouvrages collectifs dans les communes urbaines ;
- La réalisation d’un programme d’investissements massifs dans les villes.
En plus de l’amélioration des conditions de vie sanitaires, sécuritaires, le projet de société de notre mouvement politique propose d’améliorer les transports,l’éclairage, l’adduction d’eau potable dans les zones urbaines et rurales.
Ce sont là, entre autres, une synthèse de quelques axes de réflexion préliminaire à approfondir que nous proposons de mettre en œuvre pour assurer la prospérité en Guinée et répondre aux nobles aspirations des Guinéens.
« Si nous n’agissons pas personne ne le fera à notre place, la guinée nous appartient prendre soins d’elle est notre devoir »
